Les réseaux ALIEN ?

Les invasions biologiques en milieu marin sont considérées comme une menace planétaire pour les espèces indigènes, pour l’économie et la santé humaine.

Il est estimé que les espèces envahissantes accélèrent le déclin des d’espèces allochtones (n’est pas considérée comme une espèce indigène du territoire concerné), qui subissent déjà des pressions environnementales, provoquant ainsi des pertes et des extinctions de populations, à l’échelle locale sinon à l’échelle mondiale. Les répercussions sont telles que ces invasions sont considérées comme une des cinq causes de perte de biodiversité après la destruction d’habitats, l’exploitation des ressources naturelles, le changement climatique et la pollution (rapport IPBES 2019).

L’introduction (souvent involontaire) d’espèces exotiques est un phénomène incessant puisqu’on estimait en 2006 qu’il s’était produit en moyenne une introduction toutes les 4 semaines au cours des 5 dernières années.

Ce phénomène est mondial :

  • La première introduction d’espèces par eau de ballast a été observée en 1903 en mer du Nord (phytoplancton asiatique Biddulphia sinensis),
  • L’intensification des échanges commerciaux a accéléré l’introduction des espèces,
  • Il est présent sur toutes les côtes, en particulier dans le bassin oriental de la Méditerranée en raison de la proximité du canal de Suez qui constitue l’une des principales voies d’entrée.

Toutes ces espèces exotiques sont pas problématiques, mais peuvent potentiellement le devenir dans la mesure où elles établissent des populations et se propagent, à l’état sauvage, dans un nouvel environnement et peuvent donc devenir envahissantes. La Convention pour la Diversité Biologique définit une espèce exotique envahissante comme étant « une espèce allochtone dont l’introduction et/ou la propagation menace la diversité biologique » (décision VI/23 ; CBD, 2002). Cette décision souligne, entre autres, la nécessité de privilégier la prévention de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes aussi bien entre les pays qu’au sein des pays.

Avec pour objectifs de renforcer et structurer la prévention et la sensibilisation, la mise en place de dispositifs de surveillance et de réaction rapide ainsi que l’amélioration des connaissances, plusieurs réseaux ont été créés :

BioObs permet à chacun de partager ses observations, y compris les espèces exotiques envahissantes et/ou les espèces non indigènes. Avec votre participation, de vastes zones peuvent ainsi être suivis et tout signalement est partagé avec les gestionnaires de ces réseaux.

 


 

 

 

 

 

Le réseau ALIEN-Corse

En 2016, l’Office de l’Environnement de la Corse, en partenariat avec l’Université de Corse (Équipe Écosystèmes Littoraux) et le Comité régional de la Fédération Française d’Études et de Sports Sous-Marins, a initié le « Réseau Alien Corse ».

Ce réseau d’observations d’espèces exotiques est le prolongement du « Réseau Caulerpes » (2003 à 2014). Il a pour but de détecter, aussi précocement que possible, et recenser toute espèce marine introduite sur notre littoral.

Les résultats obtenus par le réseau Caulerpe ont montré que même si l’ensemble du littoral de la Corse n’a pas donné lieu à investigation, Caulerpa cylindracea est vraisemblablement présente partout. Néanmoins, la présence d’espèces marines allogènes en Corse ne saurait se limiter aux seules caulerpales. Des signalisations ayant déjà été faites concernant ces espèces ont conduit à étendre l’action du Réseau Caulerpes de la Région Corse à la recherche d’autres espèces allogènes, dans le cadre d’un nouveau réseau de prévention et de lutte, le « Réseau Alien Corse ».

Ce réseau s’inspire de l’expérience menée ces dernières années en région P.A.C.A., mais également dans toute la Méditerranée pour assurer un suivi de l’évolution des différentes espèces allogènes.

Bilan des observations BioObs pour le réseau ALIEN-Corse


 

 

 

 

 

Le réseau ALIEN-Occitanie

Le réseau ALIEN-Occitanie est un réseau d’amélioration des connaissances sur les Espèces Non Indigènes (ENI) marines, basé sur la veille citoyenne. Il a pour objectif de mobiliser une large communauté d’usagers de la mer (plongeurs, pêcheurs loisirs, plaisanciers, usagers du littoral, …) à participer à la remontée de données de plusieurs Espèces Non Indigènes marines.

Certaines ENI sont déjà présentes et régulièrement observées dans la lagune de Thau, d’autres n’ont jamais été signalées mais le transfert d’espèces aquacoles (activité conchylicole), la proximité du port de Sète (eaux de ballast) et tout autre vecteur d’importation rendent possible leurs arrivées.

Au travers de l’ensemble des programmes de suivi participatif qui constitue le réseau ALIEN-Occitanie, le partage des observations permet de :

  • Renforcer les suivis déjà en place,
  • Déployer une veille sur l’arrivée de nouvelles ENI marines,
  • Sensibiliser tous les usagers à cette problématique.

Concernant ce dernier point, le plan d’action pour mieux prévenir la diffusion des espèces exotiques envahissantes en cours de consultation (V3 en date de novembre 2021) souligne l’importance de la prévention le plus en amont possible.

Ainsi, la surveillance (alerte, détection précoce et suivi) est indispensable à la prévention de l’introduction et de la propagation et concerne de nombreux acteurs parmi lesquels le grand public avec les sciences participatives.

Bilan des observations BioObs pour le réseau ALIEN-Occitanie

 

Le Réseau ALIEN Occitanie est coordonné par le CPIE Bassin de Thau avec le soutien financier de France Relance et de l’Office Français de la Biodiversité.

 


 

 

 

 

Le réseau ALIEN-Mer Normandie

 

Lancé à l’initiative des Amis de BioObs et de l’Association Nature du Calvados au sein du réseau des Sentinelles de la Mer Normandie, le programme Alien Mer Normandie a pour objet le suivi participatif et la veille d’espèces non indigènes et d’espèces en extension de répartition dans les eaux et sur les estrans normands. Les données recueillies seront intégrées dans la base ODIN « Outil de Diffusion de l’Information Naturaliste de Normandie », plateforme régionale du Système d’Information Nature et Paysage (SINP) de Normandie.

Le réseau Alien Mer Normandie est coordonné par l’URCPIE de Normandie et bénéficie de l’expertise de l’OFB et de l’UMS Patrinat.

 

Bilan des observations BioObs pour le réseau ALIEN-Mer Normandie


 

 

 

 

 

ALIEN Golfe de Gascogne

Le golfe de Gascogne est une partie de l’océan Atlantique Nord située entre la Bretagne en France et la côte Cantabrique en Espagne. Sur cette zone géographique maritime, 130 ENI dont principalement des arthropodes, des algues rouges et des mollusques ont été identifiées en 2017.

Chaque année, des nouvelles espèces sont découvertes et à ce jour, la liste des ENI du Golfe de Gascogne énumère 163 espèces.

Lancé à l’initiative des Amis de BioObs, le projet ALIEN Golfe de Gascogne permet d’effectuer une veille participative de l’arrivée et/ou la présence d’Espèces Non Indigènes sur cette partie de la façade Atlantique.

Bilan des observations BioObs ALIEN Golfe de Gascogne

 


 

 

 

 

ALIEN Mers Celtiques

Lancé à l’initiative des Amis de BioObs, le projet ALIEN Mers Celtiques permet d’effectuer une veille participative de l’arrivée et/ou la présence d’Espèces Non Indigènes sur cette partie de la façade Atlantique.

Bilan des observations BioObs ALIEN Mers Celtiques

 


Les ressources

Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

  • Comité français (2019) – « Espèces exotiques envahissantes marines : risques et défis pour les écosystèmes marins et littoraux des collectivités françaises d’outre-mer. État des lieux et recommandations ». Paris, France. 100 pages.

https://especes-envahissantes-outremer.fr/wp-content/uploads/2019/12/publication-eee-marines-outre-mer-2019.pdf

  • Guide et observations pour les Aires Marines Protégées (AMP) méditerranéennes

http://www.iucn-medmis.org/

 

Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)

  • « RED 2020, Rapport sur l’état de l’Environnement et du Développement en Méditerranée »

https://planbleu.org/wp-content/uploads/2021/04/RED-2020-Rapport-complet.pdf

  • Rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques

https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf

 

Office français de la biodiversité (OFB)

  • Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)

https://inpn.mnhn.fr/programme/especes-exotiques-envahissantes

  • Centre de ressources Espèces Exotiques Envahissantes

http://especes-exotiques-envahissantes.fr/

  • « Les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques »

http://www.especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2015/06/EEE-Vol1-complet.pdf

  • Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin

https://dcsmm.milieumarinfrance.fr/

  • Massé C. et Guérin L. (2018). Évaluation du descripteur 2 « espèces non indigènes » en France Métropolitaine. Rapport scientifique pour l’évaluation 2018 au titre de la DCSMM. Muséum National d’Histoire Naturelle (UMS 2006 Patrimoine Naturel), stations marines de Dinard et d’Arcachon. 141 p

https://sextant.ifremer.fr/documentation/dcsmm/documents/Evaluation_2018/Rapport_Evaluation_DCSMM_2018_D2_MNHN.pdf

  • Thévenot, J. Pisanu B & Wroza, S. 2022. Surveillance des espèces exotiques envahisssantes en France et en outre-mer. Paris, 62 p + annexes

https://inpn.mnhn.fr/docs-web/docs/download/401819

 

Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, en charge des relations internationales sur le climat

  • « Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes »

https://inpn.mnhn.fr/docs/EspecesExotiqueEnvahissanteEEE/Strategie_nationale_EEE_17_3_17.pdf

  • « Projet de plan d’action pour prévenir l’introduction et la propagation d’espèces exotiques envahissante » (Consultations publiques)

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2576

  • « Plan d’action pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes »

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/plan_action_introduction_eee.pdf

 


Définitions

Espèce Groupe d’individus capables de se reproduire entre eux et avoir une descendance viable (Ernst Mayr 1942).
Espèce autochtone Une espèce est dite autochtone d’une entité géographique donnée et pour une période donnée quand elle est représentée sur cette entité par des populations pérennes au début de cette période considérée (Pascal & al. 2006).
Espèce allochtone Une espèce allochtone d’une entité biogéographique donnée et pour une période de temps donnée est une espèce qui, absente de cette entité au début de la période considérée, l’a par la suite « colonisé » et y a constitué des populations pérennes.

Autrement dit, l’espèce vit dans une entité extérieure à sa propre aire de répartition naturelle. Le terme de pérenne implique l’autonomie de reproduction de la population (naturalisation) (Pascal & al. 2006, Golani & al. 2002).

Espèce introduite Taxon (espèce, hybride, OGM etc.) non indigène libéré intentionnellement ou accidentellement dans un territoire ou une partie du territoire où elle était jusqu’alors absente.

Une espèce allochtone introduite, reste au titre d’introduite, tant qu’elle ne parvient pas à se maintenir dans son nouvel écosystème, du fait d’une reproduction insuffisante (Williamson et Fitter 1996).

Espèce naturalisée Taxon (espèce, hybride, OGM etc.) non indigène libéré intentionnellement ou accidentellement dans un territoire ou une partie du territoire où elle était jusqu’alors absente.

Une espèce allochtone introduite, reste au titre d’introduite, tant qu’elle ne parvient pas à se maintenir dans son nouvel écosystème, du fait d’une reproduction insuffisante (Williamson et Fitter 1996).

Espèce exotique Espèce (individu ou population) introduite volontairement ou accidentellement en dehors de son aire de répartition naturelle (DAISIE, Pyšek & al. 2009). Cela comprend toutes les parties, gamètes, graines, œufs ou propagule d’espèces qui pourraient survivre et se reproduire (Genovesi & Shine 2004).
Espèce non indigène Espèce dont la présence hors de son aire de répartition naturelle est avérée.
Espèce envahissante En écologie, il s’agit d’une espèce autochtone ou allochtone sur un territoire donné, qui prolifère et qui étend son aire de distribution liée à une augmentation de la densité des populations (Anonyme 2010). Une espèce autochtone ou allochtone devient souvent envahissante lorsque le milieu est perturbé.
Espèce exotique envahissante La Convention sur la diversité biologique (CDB 1992) définit une espèce exotique envahissante (EEE) comme étant une espèce dont  » l’introduction ou la propagation menace la diversité biologique ».

Espèce introduite par l’Homme et proliférant dans leur nouveau milieu. Elle peut nuire à la diversité biologique, la santé humaine l’économique ou l’esthétique (DAISIE 2009).

Le programme DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe) pour un inventaire européen des espèces introduites au comportement invasif (Invasive Alien Species = IAS). Ces termes figurant dans les textes internationaux et communautaires se traduisent littéralement en français par « Espèces Exotiques Envahissantes ».

 

 

 


Pour aller plus loin

Les espèces introduites, témoins et acteurs du lien entre biodiversité et mondialisation, Frédérique VIARD, CNRS, Océanopolis, 2019.

https://youtu.be/bK_ZR0aYqaA

UICN Comité français et OFB (2022). Espèces exotiques envahissantes et changements climatiques : quels impacts et conséquences pour la gestion ? Eclairage scientifique. Centre de ressources espèces exotiques envahissantes et Réseau espèces exotiques envahissantes outre-mer. France. 58 pages.

http://especes-exotiques-envahissantes.fr/eclairage_scientifique_eee_changements_climatiques/