Mais que prépare BioObs ?
Comme vous l’avez peut-être vu sur les réseaux sociaux, il se prépare quelque chose du côté de BioObs…
Dans l’attente de vous en dire davantage, nous vous donnons deux rendez-vous exceptionnels :
- A partir du 08 décembre, nous allons interdire la création de tout nouveau relevé en raison d’une opération de maintenance planifiée. Nous vous demandons (et vous en remercions) de bien vouloir finaliser vos relevés qui sont actuellement en cours de saisie et de les soumettre à la validation de l’équipe avant le 15 décembre.
Vous pourrez continuer à utiliser l’ensemble des fonctionnalités, exception faite de la création de nouveaux relevés (ainsi que la réouverture de relevés déjà validés).
- Le 20 décembre, cette opération de maintenance sera terminée : vous pourrez créer de nouveaux relevés.

Ceci-dit, deux nouveaux chiffres marquent cette fin de mois d’Octobre :
- Le nombre d’observations validées dépasse 750 000,
- Plus de 5 000 espèces différentes sont observées via vos relevés.
Bientôt le million ? Sans doute… Dans l’attente, un grand merci à vous tous pour cette progression.
Espèces non indigènes marines : journées nationales d’échange technique
En partenariat avec le Centre de ressources Espèces exotiques envahissantes, le CPIE Littoral d’Occitanie organise deux Journées Nationales d’Échanges Techniques sur les Espèces non Indigènes (ENI) Marines les 22 et 23 janvier 2026 à Sète.
Ces journées sont organisées dans le cadre de la dynamique nationale ALIEN Mer, lancée en 2024 pour fédérer les réseaux régionaux.
BioObs participera à l’animation de ces journées dont le programme portera sur la connaissance, la surveillance et la mobilisation des filières autour des enjeux de biosécurité pour prévenir les introductions et les propagations des ENI marines.
Information et inscription ICI ou via le QRCode

L’ALIEN du mois
Pacifastacus leniusculus, l’Écrevisse du Pacifique, une Espèce Invasive Majeure
Pacifastacus leniusculus, communément appelée Écrevisse du Pacifique, Écrevisse de Californie ou Écrevisse signal, constitue l’une des espèces invasives les plus préoccupantes pour les écosystèmes aquatiques européens. Originaire de la côte ouest de l’Amérique du Nord, elle menace gravement la biodiversité locale et les populations d’écrevisses autochtones.
Description de l’espèce
L’écrevisse du Pacifique présente des caractéristiques morphologiques distinctives qui permettent de l’identifier facilement :
Sa morphologie : Elle possède une carapace lisse, non rugueuse au toucher, de couleur généralement brun-orangé sur la face dorsale et rouge sur la face ventrale. Sa taille est imposante, variant entre 12 et 18 centimètres, parfois davantage, avec des spécimens adultes mâles pouvant atteindre jusqu’à 20 centimètres.
Ses caractéristiques distinctives : Le principal critère d’identification est la présence d’une tache blanche à bleutée à la commissure des pinces, entre le doigt fixe et mobile, d’où son nom de « signal ».
En effet, cette tache blanche rappelle les drapeaux blancs qui étaient employé pour diriger les trains : le nom commun d’écrevisse signal découle de cette particularité. Ses pinces sont larges et massives, particulièrement développées chez les mâles, ce qui affecte significativement son poids : un mâle de 8 centimètres pèse en moyenne 158 grammes contre 115 grammes pour une femelle de taille équivalente. La carapace présente une crête médiane lisse sur le rostre avec des bords parallèles, ainsi que deux paires d’épines post-orbitales.
Son cycle de vie : Cette espèce bénéficie d’une longévité exceptionnelle de 15 à 20 ans. Elle atteint sa maturité sexuelle rapidement, à l’âge de 2 à 3 ans pour les mâles et un peu plus tard pour les femelles. Les juvéniles connaissent une croissance rapide avec 11 mues durant leur première année. Le taux de croissance permet aux individus d’atteindre 10 centimètres en seulement trois ans.
Pourquoi une espèce invasive ?
Cette espèce réunit toutes les caractéristiques d’une espèce invasive redoutable :
Son adaptabilité exceptionnelle : Elle tolère des conditions environnementales très variées, s’adaptant aussi bien aux eaux calmes qu’aux rivières à courant. Elle supporte la pollution et les habitats dégradés, ce qui lui permet de coloniser des milieux où d’autres espèces ne survivraient pas. Son amplitude écologique et sa tolérance physiologique exceptionnelles favorisent sa dispersion rapide.
Capacités reproductives élevées : Avec une croissance rapide, une maturité sexuelle précoce et une production pouvant atteindre jusqu’à 400 œufs par femelle, elle dispose d’un potentiel de colonisation remarquable.
Un vecteur de la peste de l’écrevisse : elle est porteuse saine du champignon Aphanomyces astaci, responsable de la peste de l’écrevisse. Cette maladie est mortelle pour les écrevisses européennes autochtones, provoquant une mortalité de près de 100%. Le pathogène envahit la cuticule des écrevisses sensibles, entraînant léthargie, lésions cutanées et mort subite. Les écrevisses américaines résistent à cette maladie tandis que les espèces européennes y succombent rapidement.
Une compétition écologique : Elle entre en concurrence directe avec les écrevisses autochtones pour les ressources et les habitats, qu’elle supplante généralement. Son caractère agressif et ses pinces puissantes lui confèrent un avantage compétitif décisif.
Les impacts sur les écosystèmes : Elle modifie profondément la structure et le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Elle exerce une prédation importante sur les macros invertébrées, les pontes et alevins de poissons, les odonates et même les bivalves. Elle consomme également les macrophytes, réduisant les zones de frai de certains poissons comme le chabot commun. Des études menées sur 18 cours d’eau du nord de l’Angleterre ont montré que son invasion est associée à des variations significatives des populations de poissons benthiques, de salmonidés et d’invertébrés, avec la disparition totale d’une espèce de chabot dans les rivières concernées.
Chiffres sur l’importance de l’invasion
L’ampleur de l’invasion de P. leniusculus en Europe et en France est considérable :
En Europe : Elle a colonisé une vingtaine de pays européens, dont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Lettonie, le Luxembourg, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suisse et la République Tchèque.
Depuis 2016, elle est inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne (liste mise à jour le 19 juillet 2022).
Carte de répartition des données d’observation (102 202) en Europe (Source GBIF octobre 2025) :

En France : Introduite dans les années 1970 lors de tentatives d’acclimatation, notamment avec l’importation de 18 000 juvéniles en provenance de Suède entre 1973 et 1977, l’écrevisse du Pacifique poursuit une progression alarmante. Elle était signalée dans 73 départements en 2006, puis 80 départements en 2014. En 2014, six nouveaux départements ont mentionné l’espèce pour la première fois : les Bouches-du-Rhône, les Landes, la Meurthe-et-Moselle, le Tarn-et-Garonne, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise.
Les régions particulièrement touchées : L’ensemble du Massif central, du Plateau de Millevaches jusqu’aux Cévennes, est en cours de colonisation, avec des populations particulièrement abondantes. Le Morvan (Nièvre, Yonne), l’Orne et plusieurs départements de Rhône-Alpes (Haute-Savoie, Ain) sont également fortement concernés.
Carte de répartition des données d’observation (69 394) en France (Source GBIF octobre 2025) :

L’impact sur les espèces autochtones : Dans certains territoires, cette écrevisse a supplanté presque totalement les écrevisses autochtones, dont les populations chutent de 80 à 100% après son introduction. Elle représente un danger majeur pour les dernières populations d’écrevisses à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) présentes en France. À titre d’exemple, 40% de la régression de l’écrevisse à pattes blanches dans la région de Navarre lui est attribuée.
Comment lutter contre cette écrevisse ?
La lutte contre P. leniusculus s’avère extrêmement difficile et aucune méthode d’éradication véritablement efficace n’existe à ce jour.
Les méthodes de contrôle mécanique
Le piégeage constitue la méthode la plus couramment employée. Il s’effectue à l’aide de nasses, verveux ou filets appâtés avec de la viande (mouton, porc vieilli), des têtes de poissons ou des sardines. Cette technique, relativement simple à mettre en œuvre, présente néanmoins des limites importantes : elle est chronophage, tributaire de l’activité des écrevisses, et son efficacité diminue rapidement une fois les populations établies. Une expérience menée dans le Morvan entre 2005 et 2008 a démontré l’inefficacité du piégeage seul : malgré l’équivalent de 75 personnes et 300 heures de travail, les effectifs et la biomasse ont augmenté, l’espace libéré par les individus capturés étant rapidement comblé.
La capture nocturne manuelle, réalisée entre 21h30 et 4h00 avec plusieurs passages par nuit, peut être combinée à l’utilisation de caches artificielles (briques à alvéoles) pour améliorer le taux de capture. La pêche électrique, bien que non tributaire de l’activité des écrevisses, reste très limitée en efficacité avec les équipements classiques. Toutefois, un appareillage spécifique très puissant (96 KW contre 5 KW habituellement) testé en Angleterre a permis d’éradiquer 97% d’une population d’écrevisses signal.
La combinaison de méthodes semble plus prometteuse. Une étude du Parc Naturel Régional de la Brenne sur l’écrevisse de Louisiane (méthodes applicables à l’écrevisse du Pacifique) a montré qu’en associant piégeage intensif (5 nasses par hectare toute l’année) et empoissonnement en carnassiers (brochets), les captures ont diminué de 71% à 78% entre 2014 et 2016 sur certains étangs.
Les barrières physiques
Les barrières physiques peuvent limiter la progression de l’espèce dans certains cours d’eau. Il s’agit notamment de grilles, d’écluses, de siphons de déversement ou de barrières installées autour des plans d’eau lors des vidanges. Des études de modélisation ont confirmé que les seuils et déversoirs en rivière ont un effet d’atténuation sur les invasions d’écrevisse du Pacifique.
Une réglementation stricte
En France, l’arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces animales exotiques envahissantes interdit sur tout le territoire métropolitain et en tout temps l’introduction, la détention, le transport vivant, le colportage, l’utilisation, l’échange, la mise en vente, la vente ou l’achat de spécimens vivants de P. leniusculus. Les écrevisses capturées doivent obligatoirement être tuées avant leur transport. Leur remise à l’eau, même immédiate, est interdite et pénalement répréhensible.
Les mesures préventives et sensibilisation
La prévention reste l’approche la plus efficace :
- Surveillance et détection précoce : Surveiller régulièrement les cours d’eau et plans d’eau, signaler immédiatement toute présence d’écrevisse du Pacifique aux autorités compétentes (fédérations de pêche, conservatoires d’espaces naturels).
- Désinfection du matériel : Nettoyer et désinfecter rigoureusement tous les équipements utilisés lors des pêches, vidanges ou travaux sur les milieux aquatiques avec de l’éthanol à 70% pour éviter la dissémination du champignon pathogène.
- Sensibilisation du public : Continuer les campagnes de sensibilisation pour éviter la dissémination de l’espèce par l’Homme, principale voie d’introduction.
Les autres pistes
Des essais sont en cours concernant l’utilisation de pièges à phéromones, la stérilisation de mâles, ou des traitements chimiques (biocides), mais aucune méthode éprouvée et applicable à grande échelle n’a encore été validée. La stérilisation de mâles par irradiation aux rayons X a montré des résultats prometteurs en laboratoire mais demeure difficilement applicable en masse pour des raisons logistiques.
L’écrevisse du Pacifique représente un défi majeur pour la conservation de la biodiversité aquatique européenne. Sa gestion nécessite une approche combinée associant prévention, détection précoce, réglementation stricte et, lorsque cela est encore possible, des opérations de contrôle intensives et prolongées dans le temps.
Références
- https://especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2023/07/Guide-identification-ecrevisses-France.pdf
- https://www.gbif.org/species/2226990
- https://www.aquaportail.com/fiche-invertebre-3163-pacifastacus-leniusculus.html
- https://environnement.public.lu/dam-assets/documents/natur/plan-d’action-eee/PA-EEE-Orconectes-limosus+Pacifastacus-leniusculus.pdf
- http://www.gt-ibma.eu/wp-content/uploads/2013/02/Synth%C3%A8se-contr%C3%B4le-%C3%A9crevisses_NP080714.pdf
- https://www.fishipedia.fr/fr/crustacea/pacifastacus-leniusculus
- https://especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2023/07/ecrevisse_de_californie_r1.pdf
- https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000036629851/2024-03-05/
- https://eee.drealnpdc.fr/wp-content/uploads/2021/01/Ecrevisses.Impacts-et-pistes-de-gestion.pdf
Les nouvelles fiches-espèces
Tous les mois, nous vous présentons les nouvelles fiches espèces créées. En vous remerciant pour tous vos relevés et photographies, voici quelques-unes des nombreuses fiches créées au cours du mois d’Octobre : les reconnaissez-vous ?

- Dictyote (genre) (Dictyota)
- Clathrine blanche réticulée (Ascaltis reticulum)
- Phyllospongia foliascée (Phyllospongia (Carteriospongia) foliascens)
- Mycale humilis (Mycale humilis)
- Petrosia sphéroïde (Petrosia (Petrosia) spheroida)
- Callyspongia biru (Callyspongia biru)
- Eponge lune de l’Indopacifique (Paratetilla bacca)
- Antenne de Billard (Antennella billardi)
- Anémone à double détente (Triactis producta)
- Cérianthes (famille) (Cerianthidae)
- Coelogorgia palmita (Coelogorgia palmita)
- Fovorinus japonisant (Favorinus japonicus)
- Phyllidie de Rudman (Phyllidiella rudmani)
- Verconie fluctuante (Verconia varians)
- Hydrobie du Danube (Lithoglyphus naticoides)
- Natice orientale (Naticarius orientalis)
- Lembulus pella (Lembulus pella)
- Varicorbula gibba (Varicorbula gibba)
- Hiatelle ridée (Hiatella arctica)
- Cardium papillon (Papillicardium papillosum)
- Chama gryphoides (Chama gryphoides)
- Moule à demi poilue (Gregariella petagnae)
- Clanculus croisé (Clanculus cruciatus)
- Hypanie invalide (Hypania invalida)
- Petite aphrodite (Pontogenia chrysocoma)
- Stichopus pseudo-rugueuse (Stichopus pseudohorrens)
- Appendiculaire ellipsoïdal (Kowalevskia tenuis)
- Ascidie de Tabarka (Aplidium tabarquensis)
- Vieille dorée (Cephalopholis aurantia)
- Thonine commune (Euthynnus alletteratus)
- Aseraggodes guttulatus (Aseraggodes guttulatus)
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