700 000 observations avec BioObs, c’est fait
De manière attendue , nous avons dépassé le chiffre symbolique des 700 000 observations validées.
Cette 700.000ème observation provient de la Réunion et c’est avec plaisir que l’association les amis de BioObs va très prochainement offrir un livre de son choix à son auteur.
Que ce soit au bord de l’eau, sous l’eau, en métropole et bien sûr, dans les départements et régions d’outre-mer, toutes nos observations contribuent à découvrir la diversité qui nous entoure.
Concernant La Réunion et Mayotte (gravement touchée par le cyclone Chido), vos récentes photos témoignent du blanchiment des récifs, conséquence du réchauffement climatique (augmentation de la température de l’eau sans même qu’il soit nécessaire d’évoquer la perturbation du cycle de l’eau, l’élévation du niveau de l’Océan, l’augmentation de la puissance des cyclones, dasn…). De nombreuses espèces sont malheureusement concernées (coraux de feu, madréporaires, anémones, …) et les interactions entre les espèces compromises.
Nous vous remercions pour vos contributions et votre attachement à BioObs et ensemble, continuons de découvrir et faire découvrir la biodiversité en partageant nos observations.
Bilan 2024 du réseau ALIEN mer Normandie
Lancé à l’initiative des Amis de BioObs et de l’Association Nature du Calvados au sein du réseau des Sentinelles de la Mer Normandie, le réseau Alien Mer Normandie a pour objet le suivi participatif et la veille d’espèces non indigènes et d’espèces en extension de répartition dans les eaux et sur les estrans normands (soit 23 espèces).
Plus précisément, les objectifs de ce réseau sont :
- D’informer le grand public sur les enjeux et conséquence des ENI marines,
- Contribuer à l’amélioration des connaissances sur les ENI marines et littorales et les espèces en expansion d’aire de répartition en participant à la récolte de données via les programmes de sciences participatives,
- De fédérer les parties prenantes de la région Normandie sur ce sujet.
Consulter le bilan 2024 du programme Alien Mer Normandie :
Le réseau Alien Mer Normandie est coordonné par l’URCPIE de Normandie. Il bénéficie de l’expertise de l’OFB et de l’UAR PatriNat.
L’Unité d’Appui et de Recherche PatriNat assure des missions d’expertise et de gestion des connaissances sur la biodiversité et la géodiversité pour ses quatre tutelles :
- l’Office Français de la Biodiversité (OFB),
- le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN),
- le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS),
- l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD).
L’ALIEN du mois
Rugulopteryx okamurae est une algue brune originaire du Pacifique Nord-Ouest, notamment des côtes du Japon, de la Chine et de la Corée. Voici quelques-unes de ses caractéristiques :
- Apparence : Elle possède un thalle rubané et érigé, de couleur brun-jaune à brun verdâtre. Ses frondes sont ramifiées de manière dichotomique et peuvent atteindre jusqu’à 20 cm de hauteur, voire plus dans certains cas.
- Habitat : Dans son habitat naturel, elle se trouve à des profondeurs allant de 0,5 à 15 mètres. En Méditerranée, elle colonise les substrats rocheux entre 0 et 15 mètres, mais a été observée jusqu’à 50 mètres.
R. okamurae partage plusieurs caractéristiques avec d’autres algues invasives mais présente des particularités qui la distinguent :
- Une croissance rapide : comme de nombreuses algues invasives, R. okamurae se reproduit rapidement, à la fois de manière sexuée et asexuée. Cela lui permet de coloniser de vastes zones en peu de temps, tout comme Caulerpa taxifolia, une autre algue invasive bien connue.
- Un impact écologique : elle domine les espèces indigènes en recouvrant les substrats rocheux, ce qui perturbe les écosystèmes locaux. Cela est similaire à l’algue Sargassum muticum, qui a également un effet compétitif sur les espèces locales,
- Une adaptabilité : R. okamurae est capable de s’adapter à divers environnements marins, ce qui favorise sa propagation. Cette capacité est également observée chez Undaria pinnatifida, une autre algue invasive originaire d’Asie,
- Des particularités chimiques : contrairement à certaines algues invasives, R. okamurae contient des molécules bioactives comme les terpénoïdes, qui pourraient avoir des applications biotechnologiques.
Signalée dans la région du détroit de Gibraltar en 2015, elle a ensuite colonisé les eaux espagnoles jusqu’aux Canaries et au Pays basque. En métropole, elle a été signalée dans l’étang de Thau puis a envahi le parc des Calanques où ses impacts sur les écosystèmes sont bien visibles.
Bilan des observations BioObs (2018 – 2024)
Les conséquences de sa présence sont les suivantes :
- Disparition des espèces indigènes : cette algue colonise rapidement les substrats rocheux, recouvrant ainsi les habitats nécessaires à la survie des espèces locales. Son expansion rapide conduit à une importante diminution de la diversité des communautés benthiques, comme l’ont montré des études dans des parcs naturels méditerranéens. En d’autres termes, en dominant l’espace disponible, elle empêche l’installation et la reproduction d’espèces autochtones qui dépendent de ces milieux pour se nourrir et se reproduire.
- Modification des habitats : la formation de tapis denses modifie la topographie sous-marine ainsi que la dynamique des flux d’eau et des nutriments. Ces changements perturbent non seulement les espèces qui résident directement sur ces substrats, mais aussi l’ensemble de la chaîne trophique associée, engendrant des répercussions à plusieurs niveaux de l’écosystème.
- Perturbation des interactions trophiques : en remplaçant les algues et autres végétaux indigènes, elle perturbe les réseaux alimentaires. La suppression de certaines espèces clés peut avoir des effets en cascade sur les organismes herbivores et, par extension, sur les prédateurs qui en dépendent. De plus, ses propres mécanismes de défense chimique (notamment des terpénoïdes) peuvent dissuader les herbivores locaux, renforçant son avantage compétitif et exacerbant les modifications trophiques.
- Accumulation et dégradation des milieux côtiers : lorsqu’elle est rejetée sur les plages, l’algue s’accumule en amas importants. Cette accumulation dégrade l’esthétique des sites côtiers, affectant ainsi le tourisme, mais peut aussi modifier les processus de décomposition et les cycles de nutriments en milieu littoral (avec des conséquences indirectes sur les écosystèmes voisins).
Ces impacts, révélateurs d’une altération à la fois physique, chimique et biologique des milieux marins, montrent que la gestion de l’invasion de R. okamurae représente un défi majeur pour la gestion et la préservation des écosystèmes côtiers en Méditerranée et dans l’Atlantique Nord-Est.
Au vu de ces informations, l’espèce est présente dans les différents réseaux auxquels BioObs contribue : ALIEN-Corse, ALIEN-Occitanie et ALIEN PACA.
Références :
- Fiche Espèce de Bioobs : https://bioobs.fr/blog/fiche-espece/4090/
- Informations du Centre de Ressources EEE : https://especes-exotiques-envahissantes.fr/wp-content/uploads/2022/06/rugulopteryx_okamurae_webinaire-eni.pdf et https://especes-exotiques-envahissantes.fr/lalgue-brune-rugulopteryx-okamurae-prolifere-en-mediterranee/
- Article de FIRMM de 2018 : https://www.firmm.org/fr/news/article/items/rugulopteryx-okamurae-ou-comment-les-ecosystemes-se-renversent
- Présence mondiale sur le GBIF : https://www.gbif.org/fr/species/5824863
Appel à signalement
Au sein du laboratoire du MIO à Marseille, un programme de recherche est actuellement en cours sur cette espèce, son impact sur les écosystèmes et sa gestion.
Afin de suivre la dynamique de cette espèce, l’extension de son aire de distribution, toutes vos observations (avec photographies) sont attendues, en particulier dans les Pyrénées-Orientales ainsi que sur la portion littorale entre Cassis et Nice.
Vos observations peuvent être communiquées via BioObs ou bien par mail à l’adresse obs.rugulopteryx [at] gmail.com.
N’hésitez pas à télécharger et à partager cette plaquette :
Les nouvelles fiches-espèces
Tous les mois, nous vous présentons les nouvelles fiches espèces créées. En vous remerciant pour tous vos relevés et photographies, voici quelques-unes des nombreuses fiches créées en mars : les reconnaissez-vous ?
- Silène à une seule fleur (Silene vulgaris subsp. maritima)
- Giroflée des jardins (Matthiola incana)
- Cyclade de vase (Sphaerium lacustre)
- Planorbe commune (Planorbis planorbis)
- Nembrotha à lignes brunes (Nembrotha lineolata)
- Calma dévoreuse d’oeufs de gobie (Calma gobioophaga)
- Crevette du corail bulle (Palaemonella philippinensis)
- Crabe-fantôme à cornes (Ocypode ceratophthalmus)
- Crabe à 5 dents (Lupocyclus quinquedentatus)
- Squille à rostre court (Odontodactylus brevirostris)
- Homard de récif de Holthuis (Hoplometopus holthuisi)
- Galathée à 2 taches (Galathea bimaculata)
- Figue de mer (Synoicum pulmonaria)
- Poisson-écureuil tahitien (Sargocentron tiere)
- Sélar queue jaune (Atule mate)
- Barbure rayé (Polydactylus plebeius)
- Mérou pintade (Epinephelus chlorostigma)
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